Me confier à la vie : article écrit pour la revue Rêve de Femme n45

Me confier à la vie

La nature est pour moi la source de vie qui m’insuffle un sentiment de douce quiétude. Comme par exemple avec le cycle des saisons, qui me rappelle que tout événement est éphémère, donc voué à transformation.

Le virevoltement d’une feuille, le ballet des canards sur la rivière, le jeu de lumière dans la vallée brumeuse de ce matin d’automne. Le souffle coupé, j’accueille l’émerveillement de cet instant. Plus rien ne compte, je lâche prise.

Dans ces moments que je côtoie instinctivement depuis ma plus tendre enfance et où je communie avec la nature, j’ose ce qui m’est souvent difficile dans la relation à l’autre : me livrer en toute intimité.

Avec les années, j’ai pris conscience que de m’exposer ainsi toute entière dans ce contexte, est une capacité innée en moi. Probablement parce que tout comme la musique, la nature, est un monde auquel je ne saurais opposer de résistances. En fait cela ne me viendrait même pas à l’idée.

Néanmoins, dès lors qu’il s’agit d’une relation humaine, le contrôle, même nuancé me semble reprendre le dessus. Et parfois, plus l’individu est âgé, plus la situation semble difficile. Les schémas types s’endurcissent avec le temps, cet automatisme est valable pour eux comme pour moi.

Je pense que nous venons en ce monde prêt à accueillir sans résistance, la vie. Sans porter de jugement sur celle-ci où les événements qui la constituent.

Puis en grandissant, par les expériences de nos interactions sociales, nous prenons en compte le paramètre de la blessure émotionnelle. Celle qui fait que la réaction de l’autre face à nous, agissant d’après ses propres blessures, nous paraît injuste ou démesurée et nous blesse à notre tour. Perpétuant ainsi inconsciemment le schéma comportemental dominant de notre monde et ce depuis des générations.

Car s’exposer nu, authentique à l’autre c’est également s’exposer à son jugement, au nôtre, ou encore à celui de l’entourage. Ainsi la blessure émotionnelle qui en résulte vient ancrer en nous la mémoire de la peur et nous enferme dans une sclérose réactionnelle contraire à la notion de vie, qui elle, est en perpétuelle mouvement.

Les notions de liberté et d’intimité prennent alors tout leurs sens dans ce contexte. Oser être dans l’abandon requiert un apprentissage. Paradoxalement, c’est également de ma relation à l’autre dont je tire cet enseignement.

En effet, l’autre vient me montrer que de ne plus avoir peur du jugement d’autrui m’offre la liberté d’être ce que je suis et par conséquent lève en moi les barrières de mon auto-jugement. Ainsi libérée j’ose m’ouvrir à l’intimité. D’abord à mon intimité propre, puis à celle que je partage.

Rêve de femme – numéro 45

J’ai appris que pour se faire, il fallait qu’il y ait confiance mutuelle et pour cela, il faut avant tout être fidèle à soi. Faute de quoi, nous pourrions inconsciemment trahir l’autre dans cette relation si profonde.

Et dans ce cas, l’émotionnel, loin de compliquer les choses va être mon guide. Car étant suffisamment ouverte à mes émotions, sachant les décoder, pour dire non à ce qui ne me respecte pas, fait que je me traite avec bienveillance. Bien se connaître est une notion essentielle.

En effet, quand j’ose sortir de mes cloisonnements et m’ouvrir à la vie, d’une certaine façon je créée un évènement sur lequel je n’ai absolument pas de contrôle quant au résultat.

Cependant, quel que soit celui-ci, j’ai le choix de ne pas céder à la frustration ou à la colère. Étant libre d’accepter ou non, ce qu’il m’est proposé et de me traiter avec respect. Je sais par exemple que si je ne suis pas prête aujourd’hui je peux l’être plus tard dans ma vie. Je ne porte pas de jugement sur la personne où l’événement en cause. Je respecte ce temps, le temps de mon évolution.
Le chemin étant pour moi plus important que le point d’arrivée.

Alors des ami(e)s m’ont questionné : comment faire concrètement, car il y a des gens qui ne s’encombrent pas de tant de délicatesse d’esprit ?
Je réponds alors, que l’autre n’a de pouvoir sur moi que celui que je lui accorde. Ma fidélité à ma nature profonde est prioritaire. Je décide de ne pas être blessée durablement, en créant une souffrance en moi. J’accueille toujours la douleur, elle me renseigne beaucoup sur mon intimité. La souffrance quant à elle ne m’apporte que des problèmes, en plus d’une satisfaction macabre à celui qui agit avec inconscience ou malveillance. Elle n’a donc pas de place dans ma vie.

Enfin, les lois de l’univers font que la personne qui m’a blessé, aura à vivre une ou des situations qui lui permettront également de progresser dans son cheminement intime. Tout comme je le serai en d’autres circonstances.

En attendant l’expérience que j’aurai retiré de cette relation m’aura permis de progresser dans mon cheminement. Je serai plus riche qu’avant. J’y vois le magnifique cadeau de la vie, me voilà de retour à ce merveilleux paysage d’automne.

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